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Laduma Ngxokolo, créateur de Maxhosa Africa : « Les designers africains devraient être davantage représentés à la fashion week »

Une seule marque africaine est inscrite au calendrier officiel de la fashion week de Paris qui se tient du 23 septembre au 1er octobre : Maxhosa Africa. Fondé en 2010 par Laduma Ngxokolo, ce label sud-africain commercialise un prêt-à-porter de luxe qui repose notamment sur des motifs xhosa, caractérisés par des jeux de géométrie et des couleurs vives, appliqués sur des mailles ou des broderies de perles. « J’essaie aussi de rendre hommage à d’autres peuples du pays, zoulou, ndebele ou sotho, en faisant beaucoup de recherches et en fréquentant ces communautés pour éviter toute appropriation culturelle », précise le designer de 38 ans, formé à Johannesburg et à Londres, au sein de l’école d’art et de design Central Saint Martins. Sa marque ayant bénéficié d’une croissance rapide, le fondateur veut profiter de sa présence à Paris pour voir encore plus grand.
C’est un néologisme forgé pour exprimer la forme de renaissance que nous souhaitons pour la marque. Depuis son lancement, nous nous adressons avant tout à la clientèle sud-africaine. Aujourd’hui, nous disposons de sept boutiques dans le pays, mais nous atteignons un plafond. D’où ce nouveau départ : en 2024, nous étions présents pour la première fois à la semaine de la mode parisienne en mars et nous avons ouvert une boutique à New York. Avant, je l’espère, d’autres à Los Angeles, Atlanta, Dubaï, Paris…
Pour cette collection, j’ai inclus des clins d’œil à l’art de la Renaissance dans certains motifs, ainsi que des symboles de conquête, comme le cheval de Napoléon ! Il y a aussi beaucoup de formes empruntées à l’Art déco, graphiques et moins traditionnelles. Avec le temps, j’ai simplifié la silhouette pour qu’elle soit plus viable commercialement. Maintenant que j’ai trouvé un équilibre, j’ai envie d’expérimenter.
A travers nos vêtements, c’est une identité que nos clients sud-africains revendiquent. Nous avons su développer un ADN culturel au sein d’un produit de luxe. Nos clients achètent aussi du Vuitton et du Gucci, dont le monogramme est un signe d’appartenance, et mélangent ces pièces aux nôtres. Maxhosa Africa aussi a un monogramme : nous pouvons être du calibre de vos marques européennes !
A ce jour, environ trois cents. Depuis 2018, nous avons notre propre manufacture de maille à Johannesburg. Internaliser la fabrication nous a permis d’accroître les marges et d’avoir davantage de contrôle sur notre confection. A l’avenir, c’est la totalité de la chaîne de production que nous aimerions maîtriser, en développant nos propres fils de laine et de mohair.
En 2001, ma mère m’a appris à coudre, et je me suis passionné pour les textiles. Elle était designer de maille indépendante dans les années 1970, mais son activité était limitée à cause de l’apartheid. Quand j’étais petit, la mode passait pour une activité superficielle, et aucune success story locale n’existait. J’admirais des grands noms européens : Missoni, Gucci par Tom Ford… Ma mère, elle, aurait rêvé de travailler à Paris.
En un sens, elle est la fondatrice originelle de la marque, et je ne fais que continuer son parcours. C’est un honneur d’être enfin inscrit au calendrier officiel parisien.
Evidemment, les designers africains devraient être davantage représentés, mais la fashion week n’est pas tout. Ce qui compte vraiment, c’est de faire en sorte que les aspirants designers soient informés de l’existence de ces métiers de la création et du textile, du développement des formations et de l’apprentissage. A ce niveau-là, les efforts sont encore insuffisants.
Valentin Pérez
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